Bayrou clown

Le budget de la honte, Bayrou prépare la guerre sociale

Il y a des moments où les mots ne suffisent plus. Des moments où l’hypocrisie institutionnelle devient si épaisse qu’elle en devient étouffante. Le projet de budget 2026 présenté par François Bayrou est de ceux-là. Sous couvert de responsabilité budgétaire, de sobriété publique, de gestion rigoureuse, le gouvernement engage en réalité une offensive sans précédent contre les classes populaires, les services publics, la mémoire républicaine et les droits sociaux.

Bayrou, le visage feutré d’un pouvoir brutal

Depuis janvier, François Bayrou est installé à Matignon comme le visage acceptable d’un pouvoir en décomposition. Un centriste de façade, un homme de dialogue, nous dit-on. Mais derrière le ton posé et les appels au consensus, c’est une véritable machine de guerre sociale qui se met en place. La méthode est simple : geler toutes les dépenses, sauf une. Celle de l’armée. Geler les crédits de l’hôpital, des écoles, de la culture, du rail, de la transition écologique, des communes rurales, des universités. Mais accorder des milliards à l’armée, encore et encore. Pourquoi ? Pour quoi faire ? Pour quels ennemis ?

Car c’est bien cela, au fond, la question que personne ne pose. À qui s’adresse ce budget ? À qui est-il destiné ? Ce n’est pas un budget de gestion, c’est un instrument de domination de classe. Il ne vise pas à améliorer les conditions d’existence du plus grand nombre, mais à défendre les intérêts d’une minorité propriétaire, dont le pouvoir ne repose plus sur l’hégémonie, mais sur la peur et la répression. Ce budget ne répond pas aux urgences du pays réel : il les organise pour mieux les contenir. Ce n’est pas une feuille de route, c’est un acte de guerre sociale, assumé.

Effacer la mémoire, rogner les droits

Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a trouvé un nouveau terrain de chasse : le calendrier républicain lui-même. La suppression annoncée du lundi de Pâques et du 8 mai n’est pas un simple détail technique. C’est une déclaration de principe. En retirant deux jours fériés, Bayrou attaque le peu de temps libre qu’il nous reste. Mais plus grave encore : il efface une mémoire.

Le 8 mai, c’est la victoire contre le nazisme, contre la barbarie. C’est la mémoire vivante de la Résistance, des maquis, des ouvriers, des cheminots, des paysans qui ont risqué leur vie pour qu’un jour, la République se tienne debout. Supprimer le 8 mai, c’est choisir l’oubli. C’est décider que la paix, le droit, la lutte contre le fascisme n’ont plus leur place dans notre calendrier. C’est rayer d’un trait ce que d’autres ont conquis dans le sang.

Fiévet, Bayrou, Macron : la chaîne du mépris

Et pendant ce temps, que fait la majorité présidentielle ? Elle parle de « négociation ». De « temps d’échange ». Comme si ce projet pouvait être amendé à la marge, corrigé sur la forme. Comme si l’on pouvait retirer une dent à un loup pour en faire un agneau.

Le député Jean-Marie Fiévet, élu macroniste des Deux-Sèvres, s’est fendu dans Le Courrier de l’Ouest d’un exercice d’équilibriste politicien. Il nous explique que « deux jours fériés, c’est peut-être beaucoup », mais qu’il faut « faire des économies » et que « tout le monde doit participer ». Il suggère de s’inspirer du lundi de Pentecôte, devenu jour de travail non payé. En résumé : il faudrait que les pauvres paient davantage, pendant que les grandes fortunes prospèrent.

Fiévet dit qu’il milite pour « que les gens gagnent plus ». Mais dans les faits, il soutient un budget qui bloque les salaires, supprime des emplois publics, assèche les communes et sacrifie tous les leviers de la solidarité nationale. Ce n’est pas un élu local soucieux de justice. C’est un rouage docile de l’appareil bourgeois, mis là pour endormir les consciences.

Et au sommet de cette chaîne, il y a Emmanuel Macron. Président des riches, architecte du mépris social, il orchestre cette séquence. Macron n’est pas effacé : il gouverne à travers Bayrou, comme il gouvernait à travers Borne. Il installe un pouvoir dur, vertical, cynique, insensible aux colères populaires. Un pouvoir prêt à tout, sauf à rendre des comptes.

Le PS à la croisée des chemins

Et ce piège, une partie de la gauche institutionnelle y tombe à pieds joints. Le Parti socialiste, en particulier, tergiverse. Va-t-il voter la censure ? Ou va-t-il, une fois encore, discuter des virgules et laisser passer l’essentiel ?

Déjà en décembre 2024, les députés PS avaient refusé de voter la motion de censure contre le budget 2025. Aujourd’hui, ils ont une chance de réparer cette erreur. Mais s’ils laissent à nouveau passer ce texte, alors ils auront fait un choix clair. Ils seront du côté du capital. Pas du côté du peuple.

Résister ne suffit plus : il faut s’organiser

Oui, il faut censurer ce budget. Il faut le faire tomber. Et avec lui, ce gouvernement de l’oubli, du mépris et de la soumission au capital. Mais nous le savons : cela ne suffira pas.

La mobilisation ne se décrète pas. Elle se construit. Pas à pas. Dans les quartiers, les écoles, les gares, les assemblées de terrain. Elle prend du temps, demande de l’écoute, de l’intelligence collective, de la patience.

Ce que Bayrou est en train de faire, ce n’est pas « remettre la France à flot ». C’est l’amener droit dans le mur. Et ce que nous voulons, c’est l’arracher à ses mains avant qu’il ne soit trop tard.

Organisons-nous. Exigeons la censure. Et faisons de ce budget l’acte fondateur d’un réveil populaire.