La situation à l’Assemblée nationale autour du vote du budget 2025 est une véritable illustration des crises qui traversent les institutions politiques françaises. Entre des divisions internes au sein de la majorité présidentielle et une opposition décomposée, il est clair que l’actuelle coalition gouvernementale, dirigée par Michel Barnier, ne tient qu’à un fil. L’ironie ? Ce gouvernement n’est maintenu que grâce aux votes de députés opportunistes, qu’ils soient macronistes ou issus du Rassemblement national (RN). Ces derniers, faux défenseurs des classes populaires, profitent du chaos pour se positionner comme une alternative « sociale » qu’ils ne sont pas.
Des députés macronistes en déroute
Le budget 2025 présenté par le gouvernement met en lumière une constante depuis les débuts du macronisme : un projet de société fondamentalement inégalitaire, façonné pour protéger les intérêts des plus riches, tout en exigeant des sacrifices perpétuels de la majorité des citoyens. Ce que nous observons à l’Assemblée, c’est un groupe de députés macronistes, incapables de masquer leur désarroi face à l’effritement de leur propre base. Divisés, ils peinent à défendre un budget qui, une fois encore, fait peser les efforts sur les classes populaires et moyennes, tout en accordant aux plus fortunés des allègements temporaires.
L’histoire politique nous enseigne que les coalitions qui s’effondrent sous le poids de leurs propres contradictions ne peuvent pas durer. En 1957, la IVe République s’est effondrée face à l’incapacité des partis de droite et de centre-droit de maintenir une coalition cohérente. Aujourd’hui, nous assistons à une version moderne de cette débâcle, où les macronistes naviguent à vue, soutenus par des alliances précaires et des compromis forcés. Le recours possible à l’article 49-3 pour faire passer ce budget est l’aveu d’une majorité en panne d’idées et d’adhésion, qui doit se tourner vers des procédures autoritaires pour imposer sa vision.
Le Rassemblement national : faux amis des classes populaires
Le Rassemblement national, fidèle à son histoire de tromperies politiques, tente de se positionner comme le champion des classes populaires. Or, l’histoire nous apprend que l’extrême droite a toujours été l’ennemi de ces mêmes classes. En France, pendant les années 1930, les ligues d’extrême droite manipulaient les frustrations sociales pour renforcer les pouvoirs réactionnaires, tout en s’opposant aux véritables réformes sociales proposées par la gauche. Aujourd’hui, le RN s’inscrit dans cette lignée : ses parlementaires prétendent défendre les travailleurs, mais ne font que détourner leur colère légitime pour les enrôler dans une fausse guerre contre les élites.
Prenons l’exemple récent de la proposition du RN d’abroger la réforme des retraites. Derrière ce geste se cache une stratégie populiste bien rodée : prétendre défendre les travailleurs en façade, tout en empêchant toute réforme réelle de prendre place. Le RN ne vise qu’à diviser la gauche et affaiblir le mouvement social, tout en perpétuant les inégalités qu’il feint de combattre. Il ne s’agit pas de défense des droits sociaux, mais bien d’un opportunisme cynique destiné à séduire les électeurs les plus vulnérables. Les amendements proposés par la gauche pour corriger les inégalités du budget sont systématiquement rejetés par ces mêmes députés du RN, dévoilant la nature profondément réactionnaire de leur programme.
Une lutte politique historique
Pour comprendre le rôle déplorable du RN aujourd’hui, il est utile de revenir à des exemples historiques. Dans les années 1920 et 1930, alors que l’Europe était en proie à des crises économiques massives, les mouvements fascistes ont utilisé la question sociale comme un cheval de Troie pour s’emparer du pouvoir. En Italie, Mussolini a d’abord soutenu des syndicats « corporatistes », tout en réprimant les véritables mouvements ouvriers. Le RN reproduit aujourd’hui cette stratégie en France : il prétend s’opposer aux réformes antisociales, tout en étant un allié objectif du grand capital. Les députés lepénistes votent systématiquement contre les propositions visant à réformer en profondeur la fiscalité ou à renforcer les droits sociaux.
Contrairement à ce que le RN veut faire croire, il n’y a aucune réelle alternative sociale dans leur programme. Ils se contentent de manipuler les frustrations des citoyens pour mieux les détourner vers des cibles commodes, comme les migrants ou les élites « mondialistes ». Leur jeu est bien connu : diviser pour mieux régner. Mais l’histoire a montré que ces fausses promesses conduisent toujours à un renforcement des inégalités et à l’autoritarisme.
Pour une démocratie sociale et citoyenne
Face à ces manœuvres politiques, la gauche réformiste doit non seulement maintenir son engagement au sein des institutions, mais aussi proposer des réformes ambitieuses et profondes. Le parlementarisme, bien qu’imparfait, reste un outil essentiel pour défendre les intérêts des classes populaires. Toutefois, il ne pourra être efficace que si nous exposons les impostures des forces réactionnaires comme le Rassemblement national et que nous combattons avec détermination les politiques inégalitaires de la majorité macroniste.
L’histoire des luttes sociales prouve que tant que nous restons mobilisés, l’espoir demeure. Comme le soulignait Jaurès : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant. » Face à une majorité présidentielle affaiblie et une extrême droite qui rôde en embuscade, notre mission est de défendre un projet de justice sociale et de solidarité, à la fois au sein des institutions et dans les mobilisations citoyennes.
Les débats autour du budget 2025 révèlent plus largement les limites structurelles de la Ve République. Ce régime, né en 1958 dans un contexte de crise politique, est aujourd’hui dépassé. Son centralisme exacerbé et ses dispositifs autoritaires, tels que le recours systématique à l’article 49-3, ne permettent plus de répondre aux aspirations citoyennes ni aux enjeux sociaux et écologiques actuels.
Il est donc urgent de repenser nos institutions et de s’engager dans une transformation politique profonde : celle d’une VIe République citoyenne. Cette république, issue d’un processus constituant, renouerait avec l’héritage révolutionnaire de la France tout en incarnant l’idéal d’une république sociale et démocratique, au service de toutes et de tous.
Une VIe République ne doit pas être une simple révision de la Constitution actuelle. C’est un projet ambitieux de réappropriation citoyenne du pouvoir. Inspirée par les grands moments de l’histoire française, des idéaux de la Révolution de 1789 à ceux de la Commune de Paris et du Front populaire, cette nouvelle république réinventerait la démocratie pour qu’elle devienne réellement participative et représentative. Elle instaurerait un régime parlementaire plus transparent et une répartition des pouvoirs équitable.
La VIe République que nous appelons de nos vœux doit être fondée sur une Assemblée constituante, véritablement représentative de la diversité de la société française. Ce processus permettrait de construire une république où les droits sociaux, l’égalité et la justice ne seraient plus des promesses vides, mais des réalités concrètes pour chaque citoyen.